Voyage en Ardèche du 14 au 17 septembre 2012
Après l’Histoire, les monuments, la géobiologie sacrée, voici venu le temps des créations naïves : "le palais idéal du facteur Cheval" (Hauterive) et "le Ron des fades" (Drompnac), le village miniature de Pierre Bouvarel (vu sur Internet en recherchant les coins sympas de l’Ardèche). Sur le trajet, le regard s’aiguise et l’esprit enfourche les rêves.
Suivre le pèlerin du Ron des fades...
Itinéraire :
Lyon, Vienne, Hauterive, Bourg-lez-Valence, Lamastre, Saint-Agrève, le Cheylard, Vals-les-Bains, Aubenas, Largentière, Montréal, le Bois de Païolive, Bannes, les Vans, Villefort, le lac de Villefort, Pourcharesse (près du lac), les Prévenchères, Notre-Dame des Neiges, Valgorge, Drompnac (lieu-dit Pourcharesse), Largentière, Montréal, Aubenas, Alba-la-Romaine, Valence, Tain l’Hermitage, Ponsas, Assieu, le Péage de Roussillon, Oullins, Lyon.
Le vendredi 14 septembre : nous nous mettons en route à 14 h 30. Après les interminables bouchons de Vienne, nous arrivons à Hauterive en fin d’après-midi. Bonne surprise : on peut encore visiter le Palais idéal du facteur Cheval. Depuis des années, j’en rêvais… 2012 fête le centenaire de la création du site. Pour marquer le coup, une exposition présente les expressions des nombreuses personnalités qui ont visité le site depuis sa création. Pour rappel : Joseph Ferdinand Cheval est né en 1836. Facteur de son état, il a profité de ses tournées pour amasser des pierres qu’il agençait ensuite pour former un édifice mystique, hymne à la paix entre les Hommes et avec la Nature. Parmi les nombreux ouvrages proposés par la boutique, je choisis celui-ci : "Lecture ésotérique et symbolique du Palais idéal du facteur Cheval".
Première nuit à Bourg-lez-Valence, dans un B&B situé en face d’un Carrefour où nous nous procurons le repas du soir.
Le samedi 15, nous faisons étape à Lamastre, pour le fameux train du Chemin de fer du Vivarais. Comme nous savons que l’animation est interrompue, nous avons opté pour le vélorail. Mauvaise surprise : le départ ne se fait pas à Lamastre mais à Boucieu-le-Roi et de toutes façons tout est complet pour le week-end à l’occasion des Journées du patrimoine.
Nous reprenons la route et arrivons à Saint-Agrève.
A l’extérieur du village, on tombe sur la chapelle et la fontaine de Saint Agrève, un lieu de pèlerinage où les fidèles viennent chercher la guérison des maux des yeux, du nez et des oreilles. Saint Agrève fait partie du martyrologue romain (VIIème siècle). Venu d’Espagne, il devint évêque du Puy (Auvergne) et évangélisa le Haut-Vivarais Il mourut, tué par des bandits de grand chemin qui étaient encore païens. Une source jaillit sur le lieu de sa mort.
La fontaine dégage une grande force féminine bénéfique mais la chapelle est malheureusement fermée. Il s’agit d’une construction récente (1946), sans doute réalisée sur une modeste construction païenne. Sur le site, on trouve aussi un tilleul, l’arbre féminin, totalement éradiqué depuis la Révolution française qui a seulement laissé l’arbre masculin : le chêne.
Le Cheylard offre la soupe, non pas sur la grande place remplie de restaurants touristiques mais dans une petite rue où l’on tombe sur de très bons paninis. On les mange sur un banc de la place avant de visiter l’église.
A Vals-les-bains, près du parc de plantes, le pèlerin qui fatigue se prend à rêver à un cheval. Celui-ci, par exemple, œuvre du sculpteur Chipon, qui se trouve devant le kiosque de dégustation d’eau. Le prendre sur cette route qui n’en finit pas alentours d’Aubenas.
La grande étape du jour est Largentière et c’est un retour car nous sommes déjà passés lors de notre voyage du printemps 2001. A l’époque, nous étions en camping sauvage, ce qui est plus difficile aujourd’hui. Nous retrouvons le grand escalier de pierre, le château, la ville moyenâgeuse. Aujourd’hui, elle est envahie par les chats - des chats très libres, animal sacré venu du Moyen-Age où il tuait les rats et ainsi luttait contre la peste.
Nous mangeons à Largentière, au restaurant : "l’orange bleue". J’y vois une évocation de Tintin (le film "Tintin et les oranges bleues") mais c’est une évocation du poème de Paul Eluard : "la terre est bleue comme une orange". C’est un restaurant "cuisine du monde" qui propose des nems, du pho et des "boîtes" de toutes sortes, avec des pâtes et du riz. Bien épicé. Tellement bien qu’on y reviendra le lendemain.
A Largentière, l’influence orientale est visible, tangible. Dans un restaurant, nous trouvons cette mosaïque.
Aussi, nous logeons à Montréal, dans un nouvel hôtel : "le palais oriental." Comme le taulier est de confession musulmane, Tina la chienne n’est pas la bienvenue. On prend la chambre mais, déçue, je vais voir dans un autre hôtel : "l’eau vive", à Largentière. L’endroit me fait envie : magnifique bâtiment, piscine, bon accueil des clients, installés dehors avec leur ordi… C’est un lieu de randonneurs-écrivants, classés au guide du routard en 2011. On retourne au "Palais oriental". Surprise : Tina n’est plus un problème. Le Palais des Mille et une nuits... : le lieu est joli, avec des mosaïques et une fontaine à l’entrée. On accède aux chambres par un couloir qui fait comme des vagues étales. La chambre est belle, claire et surtout beaucoup plus grande que celle du B&B où il ne faut pas être claustrophobe. Le lendemain, on prend le petit déj’ dans la salle du restaurant, en discutant avec la dame : il y a eu un problème le matin avec une personne qui voulait se lever tôt - sans doute une randonneuse. La personne et les tauliers n’attribuent pas la même valeur au terme "tôt". Pour moi, ce jour-là, c’était 10 h, très relax. C’est en sortant du palais que je suis tombée sur… la piscine. Tout pour plaire, cet hôtel ! D’ailleurs, nous y passons une deuxième nuit, la dernière de ce périple.
http://www.ardeche-guide.com/ardeche-tourisme/fr/76/hebergement/_sitraHOT309837_1116.html
Le dimanche 16, nous ferons une boucle qui nous ramènera à Montréal, en repassant dans nos traces de 2001, comme le bois de Païolive et ses rochers blancs pétrifiés, sa végétation typique : arbousiers, chênes blancs et verts, garrigue, pelouse sèche…
http://www.ardeche.com/sites-naturels/bois-de-paiolive.php
Enfin : Bannes, village de caractère. Que je traduis par village de caractériels : depuis fort longtemps en effet j’évite les village labellisés du tourisme car trop souvent label signifie "tous pareils et pièges à touristes". Cela ne vaut pas pour Bannes qui vaut le détour pour le village, le château, l’église et le beau paysage alentours. Longtemps on s’y promène.
Près de l’église, je déguste quelques figues fraîchement tombées de l’arbre. Une pure merveille…
http://marc.blachere.pagesperso-orange.fr
Déjeuné à Les Vans, dans une petite rue en compagnie des pigeons. Au menu : assiette montagnarde et cévenole. C’est joli, les Vans, la mauvaise surprise viendra plus tard…
On reprend la route, direction Pourcharesse où se trouve le "Ron des fades", but de la journée. La route nous mène au lac de Villefort, en Lozère, dans les Cévennes.
http://www.villefort-cevennes.com/-Lac-de-Villefort-
Quelques pas nous mènent le long du lac vers la base nautique puis nous rebroussons chemin vers le barrage. Des hirondelles virevoltent contre la paroi, nichant sous le pont. Des pêcheurs crient " aux poissons".
La route vers Pourcharesse est dangereusement étroite et, surprise : on ne trouve pas le Ron des fades. Et pour cause, c’est un autre Pourcharesse, quelques kilomètres plus loin, sur la commune de Drompnac, par une route qui tangue et qui chavire. Le nom évoque les cochons et comme de bien entendu la route est bordée de châtaigniers, richesse de l’Ardèche.
Comme pour le Palais idéal du facteur Cheval, nous arrivons au Ron des fades en fin de journée mais c’est encore ouvert.
Pierre Bouvarel, le créateur, nous reçoit gentiment et nous fait visiter son village miniature. Il connaît le Palais idéal du facteur Cheval et il dit : "le facteur ramenait une brouette de pierres chaque jour, moi, avec une brouette de pierres, je fais une maison." M Bouvarel explique que la châtaigne ayant cessé d’être une richesse, les châtaigniers sont redevenus sauvages et sont disséminés par les sangliers, animal dont dérive le cochon.
Il a reproduit les éléments identifiants du Pays de la Drobie : un pont, la rivière, une ferme, le four, l’église, l'auberge …
On peut voir en même temps l’église miniature et l’église réelle, sur la colline en face. Une pancarte explique que l’église est sous le vocable de Saint Régis, un saint qui protégeait les enfants des convulsions. Nous restons longtemps à parler de ce travail et de la région. Nous échangeons autour de la géobiologie et de la puissance qui se dégage du lieu - un lieu qui ne s’appelle pas pour rien le rocher des fées.
Vous trouverez un petit film sympa sur ce blog :
http://ron-des-fades.blogspot.fr/p/toute-une-histoire.html
Voir aussi http://www.ron-des-fades.com
Des images plein la tête, nous retournons manger à "l’orange bleu" et dormir au "Palais oriental". Nous sommes chez nous, habitant nos traces et revisitant déjà nos souvenirs. C’est la dernière nuit…
Le lundi 17 : pour ralentir la descente, plutôt la remontée, nous faisons halte à Alba-la-Romaine. La cité est belle, avec ses pierres calcaire (blanc) et de basalte (noir). Il s’agit d’une ville gallo-romaine : c’était la capitale des Helviens, une tribu gauloise. Lors de l’occupation romaine, elle s’appelait du reste Alba Helvorum. Romanisés, les Helviens se sont rangés au côté de César dans sa lutte contre les Arvernes (Auvergne), menée par Vercingétorix dans sa bataille perdue pour reconquérir la liberté de la Gaule.
Notre dernière étape touristique est Ponsas, dans la Drôme. Nous faisons halte sur un stand saisonnier en bordure de la route : fruits, huiles et vins : un gentil petit muscat, tout doux, tout doux. Comme toujours dans ce genre de lieu, on reste au large du village et c’est dommage. Ponsas est un haut lieu de céramique et de géobiologie (le chemin de la Madonne, les Roches qui dansent). Y revenir un jour…
Quelques jours après notre retour, on reçoit une amende pour excès de vitesse dans l’agglomération de Les Vans : 60 km/h au lieu de 50. Ainsi, après s’être traînés dans les petites routes de l’Ardèche, se retrouver pris dans la toile d’araignée des radars...
Enfin, le pèlerin, qui s'est endurci, se repose en attendant de nouvelles aventures
(sculpture à Bannes).