osons les oisons
Première sortie pour les deux oisons qui à chaque peur se réfugient sous le plastique.
Noël, Noël ... C'est la fête dans la chaumière. J'ai sorti de la boîte les petits anges enrubannés, les bougies, les guirlandes. Le sapin est là, trônant majestueux au milieu du salon. Dehors, il fait un froid d'acier trempé. La terre grelotte. Les animaux se sont terrés dans leurs refuges et dans leurs nids. J'allume la télé, histoire de voir si le monde est encore monde. La télé diffuse une émission de cuisine concoctée aux p'tits oignons par Maïté. Pour le menu du réveillon, la grosse dame décline tout l'assortiment de volailles qui fait la joie des gourmets : poulet de Bresse, caille, chapon, canard, dinde, oie ... De l'oie, oui, j'ai bien entendu. Elle conseille de manger de l'oie ... Vite, baisser le son ... trop tard ... Agrippine mon oie de Guinée cacarde à qui mieux-mieux dans la cour : déjà trois ans que j'en réchappe de vos agapes ! Aux p'tits pois la Maïté, aux p'tits pois ! J'ouvre la porte, prends l'oie dans mes bras, la cajole : tu sais bien que je t'aime, ma belle grise, tu es acariâtre, vindicative, colérique, outrecuidante, tu attaques le facteur, tu casses les oeufs des poules, tu harcèles le laurier - et ceci est très grave car lorsqu'un laurier meurt, son gardien meurt dans l'année - mais je t'aime. C'est ainsi. Ma belle Agrippine tend alors son long cou de serpent, se met à battre des ailes et des pattes. Elle n'aime pas être traitée comme un bébé. Je la lâche et elle s'est envole, fièrement, comme si pas un moment elle n'avait eu peur, comme si pas un moment elle n'avait douté. Brave Agrippine !